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une sexologue dans le monde des endometriosiques
24 février 2015

Un point sur la sexualité

Le mot sexualité regroupe en même temps les phénomènes de la reproduction, les comportements qui permettent cette reproduction et les phénomènes liés à celle ci.

Pour la plupart des espèces animales, la sexualité a pour seul but la reproduction, le comportement sexuel est une réaction naturelle uniquement du à la coordination du cycle hormonal, de la sécrétion de phéromones et de réflexes sexuels. Son seul but dans ce cas est de perpétrer l'espèce en assurant un minimum de brassage génétique.

Chez les quelques mammifères dits "évolués" auxquels l'humain appartient, le rôle de ces mêmes éléments est devenu mineur. La sexualité est dissociée des cycles hormonaux, nos récepteurs aux phéromones sont altérés ou disparus, et jusqu'à preuve du contraire la femelle humaine semble avoir perdu le réflexe de lordose (position réflexe chez les femelles mammifères permettant entre autres la copulation.).

Chez l'humain le comportement sexuel fonctionnel, pur et dur n'existe plus. Le besoin de reproduction en tant que tel n'existe quasiment plus. Certains diront que nous avons développé le plaisir sexuel pour éviter l'extinction, je pense pour ma part que comme tout trait génétique, ceux qui ne pratiquaient pas une sexualité récréative n'ont pas pu perpétuer leurs gênes.

Néanmoins, l'activité sexuelle humaine bénéficie au bien être général de ceux et celles qui s'y adonnent, et c'est le point crucial qui devrait être considéré dans la prise en charge de l’endométriose. 

Tout d'abord, des hormones telles que l'ocytocine, la prolactine, la dopamine et la sérotonine sont secrétées dès le début de l’excitation, pendant et après l'acte. . Leur présence dans l'organisme a de nombreux effets, le plus intéressant étant une plage de moindre douleur pouvant aller de plusieurs heures à une semaine... L'ocytocine et la dopamine ont des effets prouvés sur le comportement affectif, et les relations en général. Dans l’ensemble ces hormones sont de très bons régulateurs de l'activité cérébrale, et améliorent le sommeil, la confiance en soi...

Ensuite, l’excitation sexuelle, même sans coït provoque une accélération du rythme cardiaque, une dilatation des vaisseaux sanguins et une augmentation de la température corporelle, ces trois manifestations ont en règle générale un effet bénéfique sur la plupart des douleurs. A ces trois phénomènes s'ajoute la sensation de caresse, qui dans de nombreuses médecines alternatives est un traitement "sert à tout". L'enveloppement et la stimulation de la peau ont en effet des effets non négligeables sur la douleur et la prolifération de diverses maladies.

Sur un plan psychologique il est question de se réapproprier son corps, au lieu de le subir. Désirer et être désiré sont deux points très importants pour l'être humain qui s'expriment très lourdement dans notre psyché. L'association du désir sexuel et de la douleur qu'il provoque chez les patientes a un impact direct sur leur vie et leur comportement quotidien. Le déni de féminité auquel j'ai parfois assisté chez des patientes est un trouble qui peut engendrer des conséquences lourdes aussi bien pour la patiente que son entourage. Contrairement à ce dont se sont convaincues beaucoup de femmes que j'ai rencontré, une femme a besoin de sexualité, et en tant que professionnelle, je n'ai jamais rencontré de discours asexuel profond réellement assumé et ancré qui ne soit pas accompagné par des troubles importants d'ordre psy.

Pour finir, au niveau du couple, la sexualité a un rôle régulateur. Dans la plupart des couples équilibrés il s'agit d'une forme de communication pure et simple, d'un moment au cours duquel se disent des choses qui ne sont jamais exprimées dans d'autres contextes. Les petites querelles du quotidien sont effacées, les points un peu énervants de l’autre sont oubliés, bref le lit conjugal est un petit peu le point de "remise à zéro des compteurs" du couple. Le partage du plaisir et les hormones associées participent au sentiment de fusion, et de cohérence qui est souvent mis à mal par le quotidien.

Tous ces points, testés et vérifiés auprès de mes patientes m'amènent à sévèrement m'interroger sur les raisons pour lesquelles les troubles sexuels liés à l'endo. sont systématiquement minimisés ou éludés par les professionnels alors même que leur traitement pourrait améliorer largement le bien être des patientes.

Bien sûr, ce discours justifie mon existence en tant que praticienne, et chacun y verra ce qu'il veut y voir, mais les faits sont ce qu'ils sont. Et pour moi ils sont simples, les troubles de la sexualité sont des problèmes sévères qui impactent en général sur l'ensemble de la vie de ceux qui en sont victimes; bien sûr, il n'est pas toujours possible de s'en débarrasser, mais il est souvent possible de les accepter et de les contourner d'une façon ou d'une autre, et dans l'ensemble des cas de mes patients (pas uniquement ceux présentant des cas d'endo.) les consultations initiales sont souvent dues au mal-être provoqué par ces troubles, et leur résolution permet une vie bien meilleure.


Dans le cas de mes patientes, la remise en place d'une sexualité régulière contrôlée pour éviter toute possibilité de désagrément a permis de baisser le niveau de nombreux symptômes de la maladie ou des traitements mis en place. Souvent, les choses ne sont pas si compliquées qu'elles paraissent, la sexualité dite normale (la routine centrée sur le coït) d'un couple n'étant pas adaptée à la maladie, je conseille à mes patients de créer de nouveaux modèles, quelques petits efforts initiaux permettent de construire une nouvelle base sur laquelle en général ils arrivent à construire de nouvelles formes de plaisir partagé.

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Commentaires
une sexologue dans le monde des endometriosiques
  • Bien que sexothérapeute diplômée je suis passé à côté du diagnostic de ma fille, qui s'est battue plus de 4 ans pour finalement se faire diagnostiquer une endométriose. Quatre ans après son diagnostic aucun confrère ne lui propose de prise en charge.
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